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Pour un CE1D authentique

L’ABPF partage et soutient la carte blanche du collectif d’auteurs et d’autrices en réponse à l’appel d’offres de la FWB concernant la rédaction de nouvelles pour les épreuves du CE1D.

Nous sommes, en tant que professeur·e·s de français, très interpelé·e·s par cet appel d’offres et ce qu’il suppose comme conception de la littérature, de l’évaluation et de l’utilisation des supports littéraires.

Il est demandé aux auteurs et autrices d’« éviter les sujets trop sensibles qui risqueraient de heurter les élèves concernés (harcèlement scolaire, convictions religieuses ou politiques, sexualité, mémoire collective, conflits géopolitiques…) » et que le texte soit « conciliable avec les valeurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles (équité, égalité de genre, inclusion…) ». Cette liste des sujets à proscrire ne nous semble pas propre à favoriser le développement de l’esprit critique et l’éducation à la citoyenneté (missions de l’école, selon le Code de l’enseignement).

D’un point de vue pédagogique, on peut comprendre qu’une évaluation constitue un moment qui génère stress et tension chez certains élèves (et dans le cas du CE1D, évaluation certificative et « ritualisée », cela peut impressionner encore davantage). Nous concédons dès lors que ce n’est pas un moment opportun pour mettre un élève face à un sujet qui pourrait le « choquer ». Nous savons aussi, par notre pratique quotidienne en classe, que certains sujets comme l’inceste ou le viol peuvent parfois faire écho aux traumatismes vécus par des élèves.

Cependant, cela ne signifie pas que les enseignant·e·s choisissent de faire évoluer les élèves, en ce qui concerne les choix de textes, dans une bulle aseptisée, coupée des réalités du monde, sans la possibilité de débattre. Il ne s’agit pas, dans ce cas, de heurter les élèves mais de les amener à être confrontés à d’autres points de vue que le leur et à acquérir les moyens d’exprimer leur avis. La littérature est aussi une manière d’apprendre la vie, de se construire un système de valeurs autres que celles de la maison ou de l’école. Mais ce n’est visiblement pas la conception de la littérature que les rédacteurs de l’appel d’offres pour le CE1D (dont les textes sont souvent, par la suite, réutilisés par les enseignant·e·s) semblent vouloir mettre en avant.

Par ailleurs, d’un point de vue didactique, l’idée de faire correspondre un texte littéraire à des exigences d’évaluation fausse complètement l’exercice puisqu’il ne s’agit plus de travailler sur un support authentique. On observe cette pratique dans certains manuels scolaires qui proposent parfois des documents rédigés dans le seul but de répondre à des intentions pédagogiques. Il nous semble qu’il existe assez de textes dans le monde, notamment parmi la production des auteurs et autrices belges francophones, pour ne pas en créer sur commande avec les contraintes détaillées dans l’appel d’offres : « […] ce texte présentera une certaine résistance. Par exemple : présence d’éléments implicites nécessitant un travail d’inférence du lecteur, présence d’ellipses, bouleversements chronologiques, plusieurs narrateurs… » L’objectif de la résistance d’un texte littéraire est de surprendre le lecteur, de lui donner envie de relire le texte, etc., pas de le mettre face à une difficulté qu’il doit prouver avoir dépassée dans le cadre d’une épreuve certificative. Le danger, outre le lissage thématique, est aussi d’ordre stylistique : le texte devient balisé, stéréotypé et, osons le mot, scolaire.

Ne soyons cependant pas dupes : les précautions des auteurs de l’appel d’offres ne sont pas uniquement destinées aux élèves mais reflètent la crainte des autorités de la FWB de voir fleurir des critiques sur les épreuves externes. Contrairement aux programmes (qui varient un peu en fonction des réseaux), ces épreuves, communes et destinées à tous les élèves, sont scrutées et critiquées chaque année (dans la presse et sur les réseaux sociaux) et les remarques sont très rarement positives...

Plutôt que de générer une littérature sous contraintes, faisons confiance à l’intelligence et à l’esprit critique de nos élèves, à leur capacité à différencier fiction et réalité, bref, à tout ce que l’enseignement (du français) leur apporte. Indirectement, faisons également confiance aux professeur·e·s de français, qui transmettent ces savoir-faire et ces savoir-être à leurs élèves.



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